Beaucoup de promesses!
L’arrivée des plaques carbone dans les chaussures de running avec des promesses de record et jusqu’à 4% de gains ont fait les gros titres et certaines marques ont mis le paquet pour faire croire que tout le monde y gagne. Pourtant la technologie, qui n’est pas du tout nouvelle, montre ses limites dès qu’on aborde la technique et les besoins de chacun. Voyons ensemble pourquoi on sait depuis longtemps que les plaques ne font rien gagner à certains et comment déterminer si elles fonctionneraient pour vous.
L’athlétisme premier laboratoire de l’effet des plaques
La piste d’athlétisme nous donne des réponses très visuelles que l’on retrouve aujourd’hui sur la route.
Depuis plus de 30 ans certaines chaussures de sprint (chaussures à pointes – spikes ) sont conçues avec des plaques rigides qui renvoient l’énergie. On peut donc dire que ce sont les premières chaussures à plaque carbone. Voyons pourquoi certains sprinters et pas uniquement les débutants ou les moins rapides, n’utilisent pas ces chaussures à plaque.
La réponse se trouve précisément dans ce qu’on appelle aujourd’hui les préférences motrices. Les préférences motrices font leur apparition depuis quelques années dans tous les sports pour déterminer notre profil moteur. Expliqué en détail dans l’article « attaque talon ou médio? » , On comprend pourquoi les préférences motrices déterminent le type de chaussures qui vous conviendra le mieux. Pour la course à pied, on simplifie avec 2 grandes familles. Les aériens (qui déclenchent le mouvement avec le haut du corps vers l’avant) et les terriens (qui déclenchent le mouvement par le bassin)
Un coureur aérien déclenche son mouvement par le haut du corps, il sera donc incliné vers l’avant aura une grande amplitude de bras pour équilibrer ses grandes foulées (dissociés des épaules, les coudes montent très haut derrière). L’action du pied est plus perpendiculaire au sol (comme le kangourou). On dit qu’il court plutôt en cycle avant et qu’ils ont une foulée dite BONDISSANTE. C’est le cas de la majorité des sprinters comme Usain Bolt ou Christophe Lemaitre ici en sorti de virage du 200m.
Le pied de coureur aérien:
- Impact du pied au sol :
- Plutôt milieu avant pied
- Bande externe du pied
- Au niveau du centre de gravité
- Peu de déroulement du pied
La majorité des sprinters courent avec la technique des aériens car les entraineurs pensent souvent que la course aérienne est plus efficace. Du coup, la plupart des entrainements ne travaillent que les qualités aériennes (coudes, plots, côtes, bondissements..)
Or, on sait que travailler ses qualités naturelles doit représenter 80% du travail. Cela permet de gagner en contrôle et aisance motrice, d’avoir un meilleur relâchement et une plus grande efficacité. Face à ces exercices inadaptés pour eux, les terriens sont limités ou se blessent (principalement tendon d’Achille, et genoux)
Mais il n’y a pas une unique technique efficace pour la vitesse mais au moins 2 grandes familles de techniques. Et ces 2 « techniques » demandent des qualités et des exercices très différents.
Les sprinters TERRIENS sont très rapides également
En 1996 Michael Johnson prouvait qu’on peut être classé « terrien » et le plus rapide du monde sur 200 et 400m.
19 »32 sur 200m record du monde, Bolt fera mieux mais que de 13 centièmes de seconde. A l’époque on entendait d’entraineurs dire que sa technique était très perfectible. On sait aujourd’hui qu’il a développé au maximum ses vraies qualités naturelles en respectant ses préférences motrices. Coureur terrien buste très vertical, mouvement des bras qui entrainent ce mouvement des épaules vers l’avant. Le pied griffe le sol pour un déplacement plus plat, on parle de foulée RASANTE . MJ n’utilisait pas de chaussures à plaques mais des pointes très souples avec un petit talon. (drop)
le pied du coureur terrien:
- Impact du pied au sol :
- Plutôt par le talon
- En avant du centre de gravité
- les genoux montent moins haut et les coudes moins en arrière
- Déroulement du pied très important pour tirer loin derrière (on parle de course en cycle arrière)
Courir vite et sauter loin en passant par le talon c’est possible. C’est même indispensable dans certaines spécialités comme le triple saut. Plus on veut allonger la foulée (ici le record du monde du triple saut, lorsque le talon touche le sol, on voit encore l’ombre de la pointe du pied) plus on ouvre la jambe en avant du centre de gravité et plus on passe par le talon. L’action doit alors être très fluide et le dérouler parfait pour éviter que ce passage ne se transforme en choc brutal. Une réception en plante ou pointe dans cette position déclencherait une action trop verticale et une importante perte de vitesse. Si on compare les angles d’envol, en triple saut les 2 premiers bonds sont beaucoup plus rasants que le derniers ou que pour le sauts en hauteur
Quel rapport avec le running me direz-vous?
Et bien, les vitesses sont différentes mais c’est exactement la même chose.
Les préférences motrices sont liées à des prédispositions et à des gouts. On retrouve des différences importantes en fonction des sports choisis En course à pied la différence se voit nettement dans le choix des épreuves. Les aériens plus nombreux en sprint, sont très minoritaires à haut niveau dans les épreuves au dessus de 3000m. Cela n’empêche pas d’en retrouver parmi les tous meilleurs. Ils ont également la position plus inclinée vers l’avant, des mouvements de bras amples surtout vers l’arrière, et la même action perpendiculaire au niveau des pieds. Une plaque leur apporte du rebond supplémentaire mais ne sera pas dangereuse pour les bons coureurs. En effet, il faut avoir la capacité de les « dompter ». Sinon les risques de fractures de fatigues sont importants. Pourtant les dernières études montrent que les meilleurs aériens ne profitent pas vraiment de l’effet de la plaque. Ils ont surtout besoin de chaussures légères et rigides. le bénéfice en général est de moins de 1%. Il peut-être même négatif.
Pour les terriens c’est très différent. La jambe est plus ouverte à l’attaque au sol pour une action de traction vers l’arrière et non vers le haut.
Ils n’ont donc à priori aucun intérêt à prendre un modèle à plaque. Ces modèles rigides et souvent très lisses ne permettent pas au pied de griffer le sol. La plaque provoque un changement de position et un rebond donc plus de décollage mais l’atterrissage se fait toujours sur le talon. Les marques on compensé cette pression par un talon plus épais, plus mou et beaucoup plus instable. Instabilité et pression source de très nombreuses blessures. Mais, il faut reconnaître que certaines études montrent un gain supérieur pouvant aller jusqu’à 3/4% de consommation d’O2. Gains principalement dus à l’effet ‘rocker » de la chaussure incurvée et à la légèreté des nouvelles générations de chaussures. Toutefois, on comprend facilement qu’il faut être très fort et avoir des facilités aériennes au niveau des pieds pour utiliser ces modèles. En magasin nous les déconseillons à toutes celles et ceux qui ne réussissent pas à tenir minimum les 16 km/h
Attention tout de même de ne pas croire aux promesses incroyables de gain. Les chaussures ont bénéficier d’une super comm de lancement avec une distance mythique sur parcours automobile, avec d’un véritable mur-chrono et une armada de lièvres. Vendre des modèles à des amateurs en leur faisant croire qu’ils ont les mêmes besoins que ceux qui courent un marathon en moins de 2h20 c’est du marketing et beaucoup y croient. Les sensations sont agréables mais le résultat est beaucoup plus discutable. L’effet placebo n’est pas négligeable, mais les risques de blessures nous on conduit à limiter très fortement ces produits chez nous. Pour les foulées aériennes qui veulent gagner un peu nous proposons la Gel Metaracer. Lice rigide et pas trop épaisse au talon, elle permettra au aériens qui valent moins de 34 min au 10 kms de se propulser un peu plus facilement sans danger.
Par contre si vous avez une foulée terrienne, c’est à dire rasante, avec peu de mouvement de coude, passage par le talon avec un bon dérouler de pied, même à haute vitesse. Vous avez besoin de dérouler le pied par l’intérieur en utilisant la flexion de l’hallux (griffe). La pose au sol est plus souple que chez les aériens, vous devriez donc privilégier un modèle plus flexible, avec une vraie accroche, et le drop doit absolument être proportionnel à l’amorti.
Une chaussure comme la Brooks Hypérion tempo très légère et réactive, est idéale pour les coureurs terriens très rapides. Elle cumule l’effet rocker, l’accroche efficace et la flexibilité qui permet au pied d’agir naturellement. Elle est également beaucoup moins chère que les modèles à plaque carbone.
Pour conclure
Nous ne conseillons donc de chaussures à plaque carbone qu’à une minorité de coureurs ayant la capacité physique de les dompter sans se blesser ni perdre en efficacité de pied. La majorité des coureurs qui croient les promesses des marques n’a pas conscience de l’importance de l’action du pied au sol. Si on utilise souvent ces chaussures, à moyen ou long terme les modifications de l’action naturelle du pied provoque toujours des blessures.
Il existe des solutions plus sûres et plus efficaces pour le plus grand nombre, comme le travail et les renforcements spécifiques. Steeve Jobbs disait que pour bien vendre, il ne faut pas vendre un produit mais vendre du rêve. Les grandes surfaces et les sites le font très bien. Chez Top performance, nous préférons vendre des modèles adaptés et avertir conseiller nos clients correctement. La meilleure chaussure est celle qui respecte votre pied. Choisir une paire adaptée à votre profil et faire les renforcements spécifiques de la course à pieds vous permettront de courir plus efficacement et sans risquer les douleurs et les blessures qui se multiplient ces dernières années.
Et si comme beaucoup vous pensez encore que la meilleure foulée est celle du médio pied, ou que c’est à cause du drop que le gens attaquent talon, il suffit de regarder le Maître Bikila, Champion Olympique du Marathon 1960 pieds nus, attaque légèrement devant le centre de gravité et foulée rasante. Un pur coureur terrien comme tous les grands champions de l’époque. Ils savaient déjà que le plus important dans la course, c’est la qualité des appuis
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Mise à jour oct 2023::
une étude vient confirmer cet article.
il est aujourd’hui clair que les chaussures à plaque ne conviennent pas à la majorité et causes des blessures importantes
